La question de détention du Bac pour être maire divise les députés
Les députés n’ont pas pu accorder leurs violons le vendredi dernier à l’hémicycle sur certains articles fondamentaux du projet de loi portant règles particulières pour les élections municipales et communales.
Après la présentation du rapport de la commission des lois, le député Hélène Aholou Kêkê, présidente de ladite commission a mis un accent particulier sur les motivations du législateur et des gouvernants quant au vote de ce projet de loi. Au cours du débat général, presque tous les députés, aussi bien de la mouvance que de l’opposition sont unanimes sur le fait qu’il faut approfondir les réflexions sur ce projet de loi portant règles particulières des élections municipales et communales en République du Bénin. En ce qui concerne les conditions d’éligibilité au poste de Maire, le projet de loi exige le diplôme de Baccalauréat ou son équivalence. Pour le poste de conseiller, le même projet de loi exige le Bepc. Et ce sont ces dispositions qui ont soulevé des inquiétudes dans le rang des représentants du peuple le vendredi dernier à l’hémicycle. Au cours des débats en plénière, plusieurs députés ont donné leurs points de vue par rapport à la question. Pendant que certains trouvent le projet de loi trop corsé, d’autres l’ont taxé de discriminatoire car excluant certaines catégories de personnes dans nos communes pour la réussite de la décentralisation. Pour ces derniers, même s’il faut reconnaître qu’au regard des tâches assignées aux maires, il leur faut forcément avoir un certain niveau d’étude afin de discerner les bons projets de développement des mauvais, il n’en demeure pas moins que bien que n’étant pas instruit, un citoyen peut mieux gérer qu’un intellectuel et avoir de la hauteur dans le traitement de certains dossiers municipaux. Pour la majorité des députés qui sont intervenus, il n’est point opportun de mettre en application ces dispositions, étant entendu que le Bénin est encore au début du processus de la décentralisation. L’important pour la plupart des parlementaires, c’est que les élections des chefs quartiers deviennent une réalité, afin que la décentralisation aille de l’avant. Notons que le ministre chargé de la décentralisation, Issa Démolé Moko, est resté convaincu que ledit projet de loi est le seul gage du développement de nos communes. Les débats se poursuivent ce jour au parlement. Bien malin qui pourra dire le sort qui est réservé à ce projet de loi portant règles particulières pour les élections municipales et communales en République du Bénin.
Rachidi Gbadamassi :
« La décentralisation ne doit pas se confondre avec la déconcentration. Le constituant, en parlant du conseil élu dans l’article 151 n’a pas fixé une condition de diplôme. Il n’a même pas laissé une ouverture à cela. Si l’Assemblée nationale vient ajouter une condition de diplôme, c’est une modification de l’article 151. »
Lazare Maurice Sèhouéto :
« La question du leadership, la capacité de gestion management n’est pas liée au diplôme. Et si nous devons régler la question de la mal gouvernance au niveau de nos communes, renforçons l’équipe technique des communes. »
Rosine Vieyra Soglo :
« Pour être à l’Assemblée nationale, on ne nous a pas demandé des diplômes. On n’a pas demandé de diplôme au président de la République. On n’a pas dit que pour être président de la République, il faut avoir un diplôme »
Augustin Ahouanvoébla :
« Savez vous que les entreprises privées qui prospèrent mieux dans notre pays sont gérées par les illettrés ? Alors, la mairie étant une autre dimension, un autre noyau de la gestion du pays, je dirai que les illettrés sont à même de gérer nos mairies. Il suffit qu’ils soient encadrés par des intellectuels, afin que la décentralisation réussisse. »
Ismaël Tidjani Serpos :
« Le document que nous allons envoyer dans cette administration, il faut que ça soit lu et géré. On a peut être poussé le bouchon un peu trop loin en parlant de maîtrise, de licence. Il y a quelque minimum. Le président de la République, on dit qu’il faut qu’il ait 40 ans mais il n’y a pas discrimination. C’est ce que dit notre Constitution. Nous les députés, c’est 25 ans. On n’a pas permis à un jeunot de 20 ans d’être candidat alors qu’il peut être déjà marié, mature et majeur parce que nous voulons un certain niveau de maturité. Ici aussi, compte tenu de ce qu’on veut faire, il faut faire des choix. Ce n’est pas parce qu’on exclut mais il y a un problème d’efficacité et surtout atteindre l’objectif de développement. »
BENIN INFO 24 septembre 2007